Face aux changements de nos habitudes et de notre mode de vie, le secteur de l’édition traditionnelle semble sombrer peu à peu dans un gouffre interminable. C’est au point de se demander si ce métier sera toujours ce qu’il est dans les prochaines décennies.
La crise dans le secteur de l’édition : qu’en est-il ?
On parle depuis longtemps de crise de l’édition. On peut même dire que cela dure depuis plus de 3 ou 4 décennies. Avec les technologies numériques, les habitudes ont changé et les cartes ont été redistribuées. L’achat en ligne a diminué les commandes des libraires, sans nécessairement affecter l’édition. Autre facteur, les loisirs virtuels occupent une place de plus en plus grande dans la vie des jeunes générations. Or le temps de lecture, qu’on prenait auparavant sur le temps de loisir et le temps libre, n’est pas incompressible. Si on ne lit pas nécessairement beaucoup moins, on lit autrement (notamment via le web) et on se cultive en tout cas différemment (vidéo, audio, recours à d’autres médias que le livre papier).
Dans ce contexte, les ebooks sont encore venus compliquer le tout pour les éditeurs. Le nouvel auteur pense : si je peux vendre sur amazon et sans intermédiaire, un ouvrage numérique sans avoir même à me soucier des problèmes d’impression, en quoi ai-je besoin d’un éditeur ? Et surtout pourquoi passerai-je des années à me battre pour me faire publier ? Sur de milliers d’ouvrages reçus à l’année, les plus grands éditeurs prennent des risques sur 1 quelquefois 2 nouveaux auteurs par an. Entre le népotisme, les appuis de couloir, les célébrités « vues à la télé », pas évident de trouver son chemin.
Dans cette culture de plus en plus dématérialisée, d’autres arguments sont encore venus alourdir le bilan pour les promoteur de livres ; l’écologie politique veut sauver tous les arbres et chasser le gaspi au papier. Dans les esprits de certains, l’argument est devenu presque commun. Un livre numérique est moins lourd à transporter et il fait moins de mal à la planète. Les vrais amoureux de livre et de sensation n’y souscrivent pas, mais quid des générations qui viennent ? Dans ce domaine de l’ebook, précisons que la France accuse un retard sur les liseuses et sur les habitudes de lecture d’ouvrages numériques par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne ou l’Angleterre.
Le syndicat des éditeurs alerte
Tout récemment et face à la crise, le syndicat des éditeurs s’est mis en état d’alerte. Il prévient que le secteur est en grave danger, et demande à l’Etat une aide financière pour éviter le désastre économique qui se profile à l’horizon. Cette aide devrait s’élever à un montant de 8 à 10 milliards d’euros, et s’inscrirait dans le cadre d’un plan de relance pour l’ensemble des industries culturelles et créatives. Autrement, il y a de fortes chances pour qu’on assiste à des faillites, ainsi qu’à une grosse vague de licenciements dans ce secteur. Que faire quand des mutations si fortes que la révolution numérique et les changements drastiques dans les habitudes frappent à la portes ? Que faire quand un livre sorti nouvellement en format broché coûte quelquefois jusqu’à 20 euros l’exemplaire ? Il y a pourtant eu récemment une lueur d’espoir.
Relance avec le covid et les confinements
Avec la crise sanitaire provoquée par le covid, le secteur de l’édition semble avoir, en effet, accuser un léger mieux. Ainsi, certains rapports nous apprennent que les ventes de livres au début de l’année 2021 ont été 20% supérieures aux ventes au début de 2020 (avant le confinement). C’est un phénomène qu’on ne comprend pas forcément, mais il semblerait que la population retrouve peu à peu le goût pour les livres en version papier.
Les mutations du secteur de l’édition
Les mutations que connaît le secteur de l’édition ne sont pas forcément négatives. En effet, s’il est vrai que le livre en version papier a perdu de sa popularité, ce n’est pas le cas pour tous les supports. Certaines maisons d’édition ont déjà largement entamé leur transition vers le numérique en revoyant leur approche et en variant autant que possible les supports de leurs contenus. Certes, les modèles économiques ont changé, les marges se tendent. Dans ce paysage, l’éducation devra être un relai pour remettre le livre au centre de la culture et de l’apprentissage, mais aussi pour en faire redécouvrir les véritables plaisirs.